Dans l’œuvre de Karen Knorr, l’animal est l’intermédiaire entre la nature et l’homme, tout à la fois intercesseur de la première et avatar surréel du second. Ses œuvres reflètent une mise en abîme critique de l’humanité à travers la forme métaphorique de la figure animalière. Si l’archétype animal en appelle aux couches profondes de l’instinct et de l’inconscience, il sert ici de support à un récit potentiel et codé de multiples références historiques et contemporaines qui circulent au sein des images et des titres qui les accompagnent, ainsi que dans la mémoire et la sensation du spectateur.
Dans une récente monographie, Antonio Guzman qualifie la démarche de Karen Knorr comme « un projet de la photographie comme une réécriture et un inter-texte dans la poursuite d’un programme allégorique » , au sens où l’entend Roland Barthes, c’est à dire « l’impossibilité de vivre hors du texte infini » (Le plaisir du texte).